Comme tous les deux ans, que ce soit avec l'Euro ou la Coupe du Monde, EA Sports s'en met (encore plus) plein les fouilles sur le dos du peuple footeux avec des versions (légèrement) révisées de son FIFA de début de saison. Gentil, content, habitué et docile, ce dernier achète sans hésiter ni compter. Et en cette année de première Coupe du Monde organisée sur le continent africain, on va tous faire quoi ? L'acheter évidemment... À tort ou à raison ?
Les versions du jeu étant similaires, les tests le sont aussi
Sérieusement, en juin, qui va encore avoir envie de se faire un petit Marseille - Paris Saint-Germain, Man U - Liverpool ou Inter - Barça ? Plus personne ne s'intéressera aux clubs mis à part les furieux Anglais qui ne jouent qu'en Football League Two (équivalent de la quatrième division). Toutes ses habituelles grosses affiches auront la saveur d'un vulgaire Livourne-Cagliari ou d'un Toulouse-Grenoble à côté de ces futures fantastiques rencontres au sommet : Corée du Sud - Grèce, Nouvelle Zélande - Slovaquie ou encore France - Afrique du Sud. (Mode utopie : ON). La première bonne nouvelle, en face à face en ligne, on ne devrait plus rencontrer les trois mêmes équipes en permanence. Les bonnes sélections nationales sont assez nombreuses pour varier les plaisirs. Avec un panel sans précédent de 199 sélections nationales, on espère les joueurs capables de défendre leurs sélections et non de prendre automatiquement celle d'Angel. (Mode utopie : OFF). Ces près de deux cent équipes nous permettent de revivre exactement la longue route qui a mené ou non telle sélection nationale à la Coupe du Monde 2010. Excellente idée aux belles vertus pédagogiques, le choix de l'équipe jouée se fait à partir d'un globe terrestre en 3D. Vous, je ne sais pas, mais la géographie et moi, on n'a jamais été super intimes. Résultat, je me suis piqué des fards tout seul dans mon salon durant le test à base de "quoi ? c'est là ça ?", "oh p*** m*** c'est aussi grand que ça ?!", etc. Très belle initiative de la part d'EA pour les enfants et ados. Ahem...
Des menus dignes de PES
Mais c'est bien là, la seule réussite de l'habillage des menus de ce Coupe du Monde de la FIFA - Afrique du Sud 2010. Pour le reste, on flirte tellement avec le douteux qu'en lançant le jeu on n'a qu'une peur : entendre Phil Collins Elton John nous chanter Le Roi Lion. On ne reviendra pas sur la police officielle (sorte de "Comic Sans MS Jungle Edition"), même si on se dit qu'ils n'étaient pas obligés de l'appliquer partout. Non, on relèvera plutôt des menus tellement hideux et datés qu'on les croirait tout droit sortis des derniers PES. Celui de la CDM atteint le nirvana de la catastrophe avec une ergonomie d'un autre siècle et des comptes-rendus de match en deux phrases - façon quotidien gratuit - souvent totalement à la ramasse. Un misérable 1-0 pour la France en match amical de pré-saison se transforme en victoire écrasante entraînant des scènes de liesse dans la capitale. Mhmm... Rien à sauver mis à part le globe terrestre 3D. Je ne sais pas quel stagiaire ils ont mis sur le projet à la place du Directeur Artistique habituel, mais on ne le félicite pas.
Habillage sonore mitigé
De ce côté-là, on alterne le chaud et le froid en permanence. Les commentaires durant les matches sont toujours assurés par les pépères Mathoux et Sauzé pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, à la fin de la compétition avec des textes adaptés à chaque équipe. Le pire, des actions de jeu vendangées dans la plus pure tradition de Luyindula et de ses transformations de rugby qui se voient ici décrites comme des tirs frôlant la transversale. Détail rigolo, on peut régler le volume sonore des Vuvuzelas, ces assourdissantes cornes traditionnelles soufflées en permanence par les supporters sud-africains. En aparté, franchement, j'aimerais vraiment pas être à la place des ingénieurs du son avant la balance (et même après) des micros terrains. La bande-son exotique se met au diapason avec vingt-huit artistes représentant avec plus ou moins de talent une vingtaine de pays. Mais le vrai effort se situe dans la possibilité de jouer tous les hymnes de toutes les équipes. 199 hymnes donc... Est-ce qu'il y a un trophée à débloquer après les avoir tous écoutés jusqu'au bout ? Aucune idée, je n'ai pas eu le courage. (Oui, je sais je fais mal mon travail de journaliste d'investigation.)
Vu à la TV
On se félicite de voir la réalisation vidéo en net progrès avec un rendu bien plus vivant : apparition de super ralentis au moment de la frappe au sein des ralentis classiques, score en direct des autres matches de poules de qualification (gros stress !), les plans sur le public, les sélectionneurs ou sur les discussions entre joueurs sur le terrain, etc. Seulement, ces fameux plans ne sont pas assez nombreux : ils ont beau essayer de nous ruser - à l'instar de la campagne du gouvernement pour les retraites (https://www.retraites2010.fr) - en modifiant les couleurs des peintures corporelles et des chapeaux ridicules, on voit bien que ce sont tout le temps les mêmes filles qui dansent comme des canards et affichent leurs déceptions/joies à la mi-temps. Rehaussés, les graphismes semblent annoncer un FIFA 11 de toute beauté. Pour le moment, la nécessaire attention portée sur la modélisation des visages sauve les meubles pour la majorité des stars, mais on reste bien en deçà des mecs d'en face. Surtout que pour les sélectionneurs, ils ne se sont pas foulés en repompant allègrement ceux déjà (mal) dessinés à l'occasion de l'édition Euro 2008. Par exemple (et au hasard complet), Raymond Domenech ressemble toujours à une sorcière Disney avec un léger problème de poids. Sur le terrain, le tout est globalement plus joli et fin, mais on ne reconnaît toujours pas les footballeurs de loin. Heureusement certaines nouvelles célébrations de but franchement drôles (ndla : mention à "La Brique", la préférée d'un "ami" italien) viennent contrebalancer ces broutilles.
Faites le jeu, pas la guerre
Calqué sur la fête et la convivialité de la compétition, ce FIFA a enfilé ses plus beaux habits casual (vitesse de jeu augmentée, prime à l'attaque) pour plaire au plus grand nombre avec le louable dessein de permettre à tous de participer aux parties avant et après les retransmissions télévisées. On en veut pour preuve l'apparition d'un malin mode "deux touches" (passe/tir + tacle/pressing) destiné uniquement à monsieur/madame tout le monde. L'IA gère alors le type de passes, de courses et de frappes. Inutile pour les cowboys de la gâchette L2, très chouette pour ne pas exclure les amis footix des cowboys. Néanmoins, ces derniers seront heureux de voir EA Vancouver gommer avec succès les carences irritantes du 10 : le gardien n'effectue plus de courses Rantanplan en un contre un, les collisions de footballeurs ont gagné en réalisme, les lobs réussis ne sont plus systématiques... Revers de la médaille, des nouveaux problèmes font leur apparition comme une sélection de joueurs parfois hasardeuse ou des récupérations de balle après chocs d'épaules assez étranges. On notera également une direction analogique de plus en plus sensible, un gardien souvent avancé sur les actions lointaines (et paf le but de 45 mètres) et le retour en fanfare des dribbles spectaculaires pour éliminer son adversaire direct. Après plusieurs jours de jeu intensif, rien de grave, on est vite à bloc.
Le goût du risque
Seule nouveauté de gameplay de cette édition, le penalty devrait diviser, à tort, les avis. Sans passer par la case apprentissage de son menu entraînement, il est tout bonnement impossible de comprendre quoique ce soit. Pourtant, avec un peu de persévérance et de pratique, les tirs de réparation se révèlent très bien pensés et finalement assez intuitifs : s'arrêter au plus près de la zone verte de la jauge de stress, ne pas rester appuyer trop longtemps sur le tir puis viser avec doigté la zone désirée dans les cages. A moins d'être un peu débile et/ou incapable de bosser son timing à l'avance, pas de raisons crédibles pour ne pas plébisciter cette importante révolution de gameplay. En revanche, les bourrins debout sur la manette se préparent des séances de tirs au but à l'anglaise.
L'after foot
Afin de soutenir une jouabilité en constante évolution, les studios de Vancouver ont blindé CMFAS2010 de modes de jeu divers et ludiques. Offline, on est ravi de voir la compétition reine accessible d'entrée à plusieurs (avec la possibilité de jouer les équipes adverses, ça va être saignant !) mais surtout de l'apparition de l'Épopée des phases finales. Super idée de proposer aux joueurs de relever des défis issus de cinquante scénarios réels souvent rocambolesque de la phase des qualifications. Exemple (au hasard encore) : souvenez-vous, 10 septembre 2008 au Estádio José Alvalade de Lisbonne, 87e minute, le Portugal vient d'inscrire le penalty du 2-1 contre le Danemark. Le défi ici est de réaliser le même exploit que les Danois ce soir-là : inverser la tendance en inscrivant deux buts en moins de sept minutes et ainsi gagner le match. Fun ! Et incroyable, un nouveau service en ligne gratuit va nous permettre de relever ce genre de défis quelques heures seulement après le coup de sifflet final de chaque match de la vraie CMFAS2010. Vivement qu'on puisse rejouer à l'infini la défaite des bleus en ouverture face à Forlan et ses copains de ballon...
Une première dans les jeux vidéo de sport démontrant un peu plus la suprématie et la puissance de frappe incomparable d'Electronic Arts dans ce domaine. De là à justifier les soixante-dix euros réclamés en boutique française, la pilule magique est bien difficile à avaler. Après, tout est question de taille de bourse. Petite et serrée, passez votre chemin et préparez-vous à réaliser à la main les sélections d'équipes sur les fausses CDM de FIFA 10 (à peine fastidieux). Large et généreuse, précipitez-vous dès la sortie officielle, vous ne le regretterez pas. En effet, hormis son prix, le seul vrai défaut de Coupe Du Monde de La Fifa Afrique Du Sud 2010 sur next gen est d'offrir pour la première fois de son histoire la meilleure équipe du jeu à... Angel. Et ça c'est très très très difficile à accepter, croyez-moi. Et dire qu'en septembre pour FIFA 11, en Ligue 1, ça sera au tour de JulienC... Monde de m*.